Le Parlement européen a été invité à réviser la nécessité d’un justificatif de domicile comme condition pour voter, mais pour ces élections, le changement arrivera trop tard.
Alors que les institutions européennes incitent les citoyens à aller voter, pour de nombreuses personnes vivant dans la rue, cela n’est pas possible.
Feantsa, un groupe européen d’organisations travaillant avec les sans-abri, affirme que quelque 900 000 personnes vivent dans la rue ou dans des logements temporaires.
La plupart d’entre eux sont des citoyens de l’UE, dont beaucoup n’ont pas le droit de voter pour des raisons administratives.
« Vous devez avoir une adresse permanente là où vous êtes inscrit pour pouvoir voter. Ainsi, si les sans-abri vivent dans des logements temporaires, des refuges ou dans la rue, il leur est difficile de s’inscrire à une adresse permanente », explique María José Aldanas, chargée de mission à la Feantsa.
Ce ne sont pas seulement les personnes vivant dans la rue qui sont confrontées à ce problème. Ceux dont la situation de logement est compliquée ont également du mal à s’inscrire.
A Bruxelles, ils se rassemblent au sein du syndicat citoyen, le Syndicat des Immenses, pour s’entraider.
Joëlle, membre du groupe, dit qu’elle aimerait voter aux élections européennes, mais ne peut pas car elle n’a pas d’adresse.
« J’ai perdu mon logement et je n’ai même plus de carte d’identité car mes papiers ont été volés », raconte-t-elle.
« Je suis belge, mais je n’existe pas en tant que citoyen de mon propre pays. Donc, si nous n’existons pas d’un point de vue administratif, eh bien, nous ne pouvons pas voter.»
En théorie, les personnes sans adresse officielle pourraient en inscrire une dans une « famille d’accueil », mais le processus est souvent long et compliqué.
Roberto Marzipani, confrère du Syndicat des Immenses, explique pourquoi il n’a pas reçu sa convocation pour voter.
« Je ne peux pas retourner à l’adresse administrative officielle qui est toujours mon adresse de référence, car on ne me laisse plus entrer dans le bâtiment. C’est une maison de repos à Tour et Taxis. J’ai été expulsé par la police», dit-il.
En outre, le vote figure souvent en bas de la liste des priorités des personnes confrontées à des difficultés, par rapport aux besoins plus urgents.
« Les résultats de l’élection, l’impact du résultat de mon vote sur ma situation personnelle, sont infiniment lointains. Et quand on est en situation d’urgence, en mode survie, ce n’est pas du tout notre priorité», affirme Laurent d’Ursel, secrétaire du Syndicat des Immenses.
Le Parlement européen a été invité à réviser la nécessité d’un justificatif de domicile comme condition pour voter. Mais pour ces élections, le changement viendra trop tard.