LONDRES — Les législateurs britanniques sont activement ciblés par des agents de l’État chinois qui leur proposent des offres d’emploi lucratives sur LinkedIn, selon les services de renseignement britanniques.
La présidente de la Chambre des communes, Lindsay Hoyle, a diffusé mardi une alerte à l’espionnage de l’agence de sécurité MI5, qui a averti que deux « chasseurs de têtes de recrutement » sont « connus pour utiliser » des profils sur le réseau social axé sur la carrière « pour mener des actions de sensibilisation à grande échelle » pour les services de sécurité chinois.
« Leur objectif est de collecter des informations et de jeter les bases de relations à long terme, en utilisant des sites de réseautage professionnels, des agents de recrutement et des consultants agissant en leur nom », indique le message de Hoyle aux députés – qui fait écho à celui émis par son homologue de la Chambre des Lords.
S’exprimant mardi à la Chambre des Communes, le ministre britannique de la Sécurité, Dan Jarvis, a déclaré que la dernière évaluation montrait comment la Chine « tentait de recruter et de former des individus ayant accès à des informations sensibles sur le parlement et le gouvernement britannique ».
Il a ajouté que ce travail est effectué par un groupe d’officiers du renseignement chinois « souvent masqués par le recours à des sociétés écrans ou à des chasseurs de têtes externes ».
« La Chine a un seuil bas pour déterminer quelles informations sont considérées comme ayant de la valeur, et elle rassemblera des éléments d’information individuels pour dresser un tableau plus large », a-t-il prévenu dans un communiqué de la Chambre des communes.
Dans le but de prendre les devants sur cette question, Jarvis a annoncé mardi un nouveau « plan d’action contre l’ingérence politique et l’espionnage ». Les mesures comprennent des règles d’évaluation des risques plus strictes pour les bénéficiaires de dons et des pouvoirs d’application renforcés pour la Commission électorale, l’organisme de surveillance des élections au Royaume-Uni.
Des campagnes de sécurité menées par les autorités parlementaires britanniques auront également lieu, notamment des séances d’information sur mesure destinées aux gouvernements décentralisés britanniques, aux partis politiques et à tous les candidats participant aux élections décentralisées et locales de mai prochain.
« Cette activité implique une tentative secrète et calculée de la part d’une puissance étrangère d’interférer dans nos affaires souveraines en faveur de ses propres intérêts, et ce gouvernement ne le tolérera pas », a prévenu Jarvis.
Ces orientations font suite à une âpre dispute politique au Royaume-Uni concernant l’ingérence chinoise dans la politique britannique.
Les procureurs britanniques ont abandonné cette année les poursuites contre deux hommes accusés d’espionnage pour le compte de la Chine, dont l’un travaillait auparavant au Parlement. Le Palais de Westminster envisage également de restreindre l’accès parlementaire aux visiteurs chinois.



