Dans les plans des législateurs pour rendre le Parlement européen plus amusant

Martin Goujon

Dans les plans des législateurs pour rendre le Parlement européen plus amusant

BRUXELLES — Les groupes politiques du Parlement européen sont plus polarisés que jamais. Mais ils sont tous d’accord sur une chose : les débats sont insupportablement ennuyeux – et il est temps de changer cela.

La présidente du Parlement, Roberta Metsola, a demandé aux présidents des groupes politiques, avant les vacances d’été, de réfléchir aux moyens de rendre les débats de l’hémicycle – souvent vides, fastidieux et scénarisés – plus engageants.

Cela fait partie d’un effort de longue date visant à pimenter la façon dont les députés font de la politique au sein de la Chambre. En janvier, le Parlement a tenté de forcer les législateurs à se présenter au moins dès le début des débats, en ne leur disant pas quand ils seront appelés à prendre la parole à la tribune.

L’Observatoire de l’Europe a mis la main sur les suggestions des groupes, qui vont d’interventions plus improvisées et de nouveaux formats de débat à l’augmentation de la pression sur l’exécutif européen.

Nous les lisons pour que vous n’ayez pas à le faire, mais voici les lettres dans leur intégralité, de l’Européen des nations souveraines d’extrême droite, des Conservateurs et réformistes européens de droite, des libéraux Renew, des Socialistes et Démocrates de centre-gauche, des Verts et de La Gauche de gauche. Le Parti populaire européen de centre-droit et les Patriotes pour l’Europe d’extrême droite n’ont envoyé aucune suggestion.

« Les éléments proposés vont maintenant être évalués et d’éventuelles mesures à tester seront élaborées pour une nouvelle discussion » lors d’une prochaine réunion des dirigeants des groupes politiques, a indiqué le service de presse du Parlement.

Tous les groupes conviennent que les commissaires se laissent trop facilement échapper.

Pour mettre un terme à cela, l’ECR propose un format de questions/réponses « ping-pong », permettant aux députés d’interroger directement les commissaires – au lieu de simplement faire des déclarations rédigées à l’avance. « Ce segment devrait être suffisamment flexible pour être ajouté à l’ordre du jour dans un bref délai, permettant au Parlement de réagir rapidement aux événements imprévus ou émergents d’importance politique ou géopolitique. »

Le groupe souhaite améliorer les outils disponibles pour les députés au-delà des « discours purement déclaratifs » pour examiner les actions des commissaires – une idée partagée par Renew et le S&D, qui souhaitent tous deux que les commissaires soient interrogés régulièrement.

Une idée du groupe ESN, dirigé par Alternative pour l’Allemagne, est d’étendre le système de carte bleue – un outil permettant aux députés de répondre ponctuellement au discours d’un autre député et de poser une question – également aux commissaires.

La Gauche et le S&D proposent également qu’après la réunion du Collège des commissaires à Strasbourg – lorsque les 27 commissaires prennent des décisions ensemble – ils viennent ensuite au Parlement pour présenter le résultat et donner aux députés la possibilité de le contester publiquement.

Tous les groupes conviennent également que le système de la carte bleue devrait pouvoir être utilisé plus souvent par les législateurs.

L’ECR propose un nouveau format de débat appelé « droite-gauche » dans lequel des groupes politiques ayant des points de vue opposés sur de grandes questions politiques – telles que le Green Deal et la migration – « contestent directement leurs positions ».

Pour augmenter la fréquentation, de nombreux groupes ont demandé à Roberta Metsola d’interdire les événements parallèles pendant la semaine plénière. | Olivier Matthys/EPA

Les Verts souhaitent également que les « sujets controversés » soient prioritaires lors de la programmation des débats et proposent également un nouveau format de débat dans lequel un député européen en charge d’un dossier ou d’un sujet est interrogé pendant 60 minutes. « Après de courtes déclarations liminaires, les membres peuvent répondre et réfuter directement, permettant ainsi un véritable dialogue », indique la proposition.

Plusieurs groupes demandent au Parlement de programmer les débats juste avant le vote sur le sujet ou le dossier, que ce soit en plénière ou en commission – certains demandant même de programmer les débats clés lors des séances de vote.

Pour augmenter la fréquentation, de nombreux groupes ont demandé à Metsola d’interdire les événements parallèles pendant la semaine plénière. Les huissiers devraient également asseoir les députés participant au débat au premier rang, au lieu de leur siège habituel, pour le rendre plus animé, indiquent les lettres.

Une autre idée consiste à réduire le nombre de débats pour concentrer l’attention des législateurs sur ceux qui comptent vraiment – ​​en particulier en éliminant les nombreux débats sur les affaires étrangères, sur lesquels, comme l’a souligné le S&D, le Parlement a une autorité limitée.

Cependant, toutes les lettres se sont abstenues de proposer un régime d’incitations et de sanctions pour que les députés européens se présentent réellement.

« Le PPE estime qu’il est important d’améliorer la participation et nous réfléchissons aux possibilités », a déclaré le président du parti, Jeroen Lenaers, lorsqu’on lui a demandé pourquoi ils avaient ignoré la demande de suggestions de Metsola. Les Patriotes n’ont pas répondu à la demande de commentaires de L’Observatoire de l’Europe.

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