La tension est de nouveau vive entre Marjane Satrapi, autrice de la bande dessinée culte Persepolis, et la députée écologiste Sandrine Rousseau. Au cœur de la polémique : la manière dont cette dernière a réagi à l’arrestation d’Ahou Daryaei, une étudiante iranienne interpellée à Téhéran après avoir manifesté en sous-vêtements.
Une fracture déjà ancienne
Ce n’est pas la première fois que les deux femmes s’opposent publiquement. En 2022 déjà, après la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour « port de vêtements inappropriés », un désaccord frontal s’était exprimé entre elles lors d’un rassemblement. Deux ans plus tard, le différend resurgit, avec en toile de fond une question sensible : le sens politique et symbolique du voile.
La réaction de Rousseau jugée déplacée
À la suite de l’arrestation d’Ahou Daryaei, Sandrine Rousseau a publié sur X (ex-Twitter) un dessin déjà largement diffusé sur les réseaux sociaux. Mais c’est surtout la légende ajoutée par l’élue écologiste qui a suscité la controverse : « Notre corps, et tout ce que l’on met – ou pas – pour le vêtir, nous appartient ».
Cette formulation a été interprétée par Marjane Satrapi comme une manière d’inclure le voile dans la logique d’« émancipation », une lecture qu’elle rejette catégoriquement. L’autrice franco-iranienne y voit au contraire une erreur d’analyse grave sur la situation en Iran, où le port du voile est imposé par l’État et non choisi librement.
Satrapi : « Vous jouez le jeu des fanatiques »
Dans une réaction publiée sur Instagram et reprise par plusieurs personnalités, dont l’humoriste Sophia Aram, Marjane Satrapi a vivement dénoncé les propos de Sandrine Rousseau. Elle s’interroge : « Depuis quand le voile est-il devenu synonyme d’émancipation ? »
Son reproche est clair : à force de vouloir éviter l’accusation d’islamophobie, certains responsables politiques occidentaux risqueraient de renforcer, involontairement, les positions des religieux radicaux. Et de conclure dans une formule cinglante : « Tout le monde a le droit d’être con… mais à ce moment-là, il vaut mieux se taire. »
Une controverse qui dépasse les personnes
Au-delà de l’échange virulent entre deux femmes publiques, cet épisode illustre une fracture plus large : celle de la perception du voile dans le débat français face à sa réalité en Iran. Là où une partie de la gauche défend la liberté individuelle de le porter, des voix issues de la diaspora iranienne rappellent qu’en République islamique, il est avant tout l’instrument d’un contrôle politique et social des femmes.
Ce nouvel affrontement entre Satrapi et Rousseau ne se réduit donc pas à une querelle personnelle : il cristallise des visions antagonistes sur la manière de conjuguer féminisme, antiracisme et critique des régimes autoritaires. Une controverse qui, à n’en pas douter, continuera d’alimenter le débat public en France.



