Bastien

C’est officiel : une nouvelle loi de la nature bouleverse la théorie de Darwin

Le monde scientifique n’en a pas fini avec les révolutions ! Quand une nouvelle équipe propose de secouer Darwin, il faut s’attendre à voir jaillir étincelles, débats et probablement quelques crises existentielles chez les amateurs de sélection naturelle. Mais accrochez-vous, car il se pourrait bien que la « loi de l’évolution » ne concerne pas que le vivant. Prêts à explorer une loi universelle qui s’invite aussi chez les minéraux, les étoiles et les planètes ?

Une Loi pour Gouverner Toutes les Évolutions ?

C’est le fruit d’une réflexion menée par neuf scientifiques et philosophes américains réunis sous la bannière de la Carnegie Institution for Science. Leur article, paru le 16 octobre 2023 dans les célèbres Proceedings of the National Academy of Sciences, avance une affirmation audacieuse : la théorie de l’évolution de Darwin ne représenterait qu’un « cas particulier » d’une loi plus vaste, propre à tous les systèmes naturels complexes – vivants ou non vivants ! Oui, la physique du caillou a aussi son mot à dire.

Le nom de cette « super-loi » ? La loi de l’augmentation de l’information fonctionnelle. Derrière ce titre, une proposition fascinante et simple à la fois : tous les systèmes complexes – qu’il s’agisse de la vie terrestre, des atomes, des minéraux, des planètes ou encore des étoiles – évoluent vers des états de plus en plus structurés, diversifiés et complexes.

Mais de Quelle “Évolution” Parle-t-on ?

Le mot porte à confusion, alors précisons. Ici, les auteurs n’entendent pas l’évolution uniquement au sens darwinien classique (vous survivez, vous vous reproduisez, bravo !). Il s’agit d’une sélection pour la fonction, comprise comme :

  • La capacité à assurer la survie et la reproduction (coucou, Darwin !)
  • La stabilité, soit la faculté à perdurer dans le temps
  • La nouveauté, c’est-à-dire l’apparition de nouvelles configurations

Le professeur Robert M. Hazen, qui a supervisé ces travaux, résume : « Charles Darwin a décrit avec éloquence la façon dont les plantes et les animaux évoluent par sélection naturelle (…) Nous soutenons que la théorie darwinienne n’est qu’un cas très particulier au sein d’un phénomène naturel beaucoup plus vaste ». Oui, la modestie de l’envergure darwinienne en prend un coup !

Des Minéraux à la Nouveauté Cosmique

Si l’on vous demande d’illustrer cette évolution universelle, n’allez pas chercher du côté des Pokémon, mais bien de la photosynthèse, de la vie multicellulaire (quand nos ancêtres cellulaires ont joué la carte du collectif), ou encore des comportements animaux innovants. Cependant, ce qui surprend vraiment, c’est que cette même logique s’applique aux minéraux et même à l’univers !

  • Au tout début de notre système solaire, une petite vingtaine de minéraux seulement peuplaient la Terre. Aujourd’hui ? Près de 6 000 !
  • Et ces éléments ? Les premières étoiles se sont forgées principalement à partir d’hydrogène et d’hélium, juste après le big bang. Elles ont été le creuset d’une vingtaine d’éléments plus lourds, dont une génération suivante d’étoiles a fait jaillir près d’une centaine d’autres. L’univers est donc une fabrique infatigable de diversité et de complexité.

Comme l’explique Michael L. Wong, premier auteur de l’étude : « l’univers génère de nouvelles combinaisons d’atomes, de molécules, de cellules, etc. Les combinaisons qui sont stables et qui peuvent engendrer encore plus de nouveauté continueront à évoluer ».

Des Paradigmes Anciens, une Loi toute Fraîche ?

La « loi de l’augmentation de l’information fonctionnelle » n’est pas sans évoquer son illustre cousine, le deuxième principe de la thermodynamique, qui veut que l’entropie (le désordre, pour les intimes) d’un système isolé augmente toujours. Pourtant, là où l’entropie éparpille tout, cette loi toute neuve assemblerait, complexifierait, structurerait…

Pour mémoire, la plupart de nos lois dites « naturelles » jalonnent les concepts vieux d’au moins 150 ans : gravité, mouvements, énergie, électricité… Autant dire que ce type de proposition, posée par un collectif mêlant philosophes, astrobiologistes, minéralogiste et physicien théorique, va secouer la fourmilière des spécialistes.

Stuart Kauffman, chercheur à l’Institut de biologie des systèmes à Seattle, le souligne d’ailleurs : « À ce stade du développement de ces idées, un peu comme les premiers concepts au milieu du 19e siècle pour comprendre “l’énergie” et “l’entropie”, une discussion ouverte et large est maintenant essentielle ».

Attention, cependant, à ce que la science n’entérine pas trop vite les belles théories : pour qu’une proposition soit scientifique, il faut qu’elle permette au moins une prédiction suffisamment précise pour être testée – et donc potentiellement réfutée. Nul doute que la communauté scientifique aura fort à faire pour trancher de la portée de cette loi ambitieuse… et peut-être repenser ce que « évoluer » signifie vraiment, bien au-delà du monde vivant.

Laisser un commentaire

treize − neuf =