Le marketing d’influence dans les secteurs de la fast-fashion et de l’alimentation sous surveillance européenne

Jean Delaunay

Le marketing d’influence dans les secteurs de la fast-fashion et de l’alimentation sous surveillance européenne

L’Organisation européenne des consommateurs tire la sonnette d’alarme sur les pratiques publicitaires cachées des influenceurs sur les réseaux sociaux en faveur de la mode rapide et de la nourriture malsaine.

Vous avez peut-être repéré certaines de ces pratiques sur Instagram ou Tiktok.

Des influenceurs déballent et essayent des vêtements sur des plateformes telles que Shein ou Temu pour montrer combien il est possible d’acheter avec peu d’argent, d’autres montrent des imitations bon marché de vêtements ou d’accessoires de marques de mode rapide.

Ces pratiques marketing sont respectivement connues sous le nom de vidéos « hauls » ou « essayer-on hauls » et « dupe ».

Le marketing d’influence promeut également la publicité sur les aliments malsains. Au Portugal, McDonald’s a collaboré avec un streamer populaire explorant un monde Minecraft. Dans d’autres cas, les influenceurs proposent des codes de réduction pour des marques de restauration rapide, publient des tests de goût et des défis de saveurs ou réalisent des défis de danse et des sketches comiques pour des marques de boissons ou de snacks.

Une page du site Temu est affichée à New York, le 23 juin 2023.

Une page du site Temu est affichée à New York, le 23 juin 2023.


Dans un nouveau rapport, l’Organisation européenne des consommateurs (BEUC) prévient que le marketing d’influence soulève des problèmes tels qu’un manque de transparence, des partenariats commerciaux non divulgués et des incitations à la surconsommation.

« Dans certains cas, nous pensons qu’il y a une violation du droit de l’UE, en particulier lorsqu’il s’agit de promouvoir quelque chose pour lequel vous êtes payé et que vous ne le dites pas au consommateur. Cela est donc couvert par les lois sur la protection des consommateurs », a déclaré à L’Observatoire de l’Europe Agustín Reyna, directeur général du BEUC.

« Mais quelque chose que nous n’avons pas couvert dans le droit européen, c’est cette relation entre les influenceurs et les marques, les influenceurs et les plateformes », ajoute-t-il.

Selon le BEUC, 67 % des publications d’influenceurs surveillés faisant la promotion de produits alimentaires malsains ne divulguent pas de partenariat avec une marque, ni comme cadeau ni comme promotion payante.

Ainsi, l’Organisation européenne des consommateurs recommande d’établir une responsabilité solidaire entre les influenceurs, leurs agences et les marques en cas de violation du droit de la consommation. Elle milite également en faveur d’une interdiction du marketing d’influence dans des secteurs à risque comme celui des aliments malsains destinés aux enfants.

Au niveau national, certains pays européens ont adopté des règles pour réglementer les activités commerciales des influenceurs. En France, l’Assemblée nationale et le Sénat ont approuvé une proposition visant à interdire le marketing d’influence pour la fast-fashion. La Norvège a également interdit aux influenceurs de promouvoir des aliments et des boissons malsains auprès des enfants.

Pour sa part, la Commission européenne devrait présenter l’année prochaine un projet de loi sur l’équité numérique pour lutter contre les pratiques déloyales en ligne et le marketing d’influence trompeur.

Laisser un commentaire

dix-huit + 10 =