Un tribunal luxembourgeois a emprisonné jeudi un Suédois de 23 ans pour avoir planifié un attentat terroriste lors du Concours Eurovision de la chanson 2020 à Rotterdam.
Il a été condamné à huit ans de prison, dont six avec sursis. Cette décision met fin à une enquête de plusieurs années qui a révélé une opération sophistiquée de fabrication de bombes et des liens avec des réseaux extrémistes internationaux.
L’accusé, nommé Alexander H., a été reconnu coupable de participation à une organisation terroriste, ainsi que de multiples violations des lois européennes sur les armes à feu et les explosifs, a rapporté le journal local Luxemburger Wort.
Le procureur adjoint David Lentz avait requis une peine de 12 ans de prison en juillet, arguant que seule l’action de la police et des services de renseignement luxembourgeois avait permis d’éviter un nombre massif de victimes.
L’homme a été arrêté en février 2020 après que les autorités luxembourgeoises ont découvert un atelier de bombes équipé par des professionnels dans le sous-sol de la maison de son père à Strassen, dans le centre du Luxembourg.
Les enquêteurs ont trouvé du TATP, de la nitroglycérine, une bombe artisanale fonctionnelle et un colis piégé adressé à une société cinématographique suédoise. Un expert français en explosifs a déclaré au tribunal qu’il n’avait jamais vu un dispositif aussi avancé dans une affaire de terrorisme.
Selon le tribunal, l’accusé – alors âgé de 18 ans – avait passé des mois à préparer des attentats en Suède et aux Pays-Bas, y compris un assaut planifié faisant de nombreuses victimes contre le Concours Eurovision de la chanson 2020, qui a ensuite été annulé en raison de la pandémie de Covid-19.
Les enquêteurs ont découvert un document de Google intitulé « Un moment de plaisir pour l’Eurovision 2020 — Pour un avenir meilleur et moins acceptant », co-écrit avec un complice néerlandais présumé, décrivant des plans visant à empoisonner les participants avec du cyanure ou de la ricine, à libérer du chlore gazeux ou à disperser des produits chimiques à travers des systèmes de ventilation ou des fusées fabriquées sur mesure, a rapporté la chaîne de télévision nationale RTL en juillet. La police a confirmé par la suite la saisie de matériel de production de chlore et de prototypes de fusées.
Les deux hommes ont également exploré les moyens d’infiltrer les équipes de sécurité, de bloquer les sorties de secours et de mener des attaques secondaires, notamment une frappe planifiée contre un dépôt pétrolier à Nacka, en Suède, pour laquelle l’accusé avait déjà cartographié les points faibles de la clôture périphérique du site.
La police néerlandaise a interrogé mais n’a pas arrêté le complice présumé. Le parquet de Rotterdam a déclaré que l’homme n’avait pas réellement l’intention de commettre une attaque, a rapporté jeudi le journal néerlandais Het Parool.
Selon les autorités, les projets de l’homme ont été influencés par son implication dans des réseaux extrémistes tels que The Base, un groupe paramilitaire néo-nazi, a rapporté le média suédois SVT en août.
La partie avec sursis de la peine de prison de l’homme est subordonnée à la réussite d’un programme de déradicalisation de cinq ans et à la soumission de rapports d’avancement aux procureurs tous les six mois. Le non-respect de cette obligation entraînerait le rétablissement de la peine de prison totale.
L’homme et le procureur ont désormais 40 jours pour faire appel.



