Dans le grand inventaire des comportements relationnels à risques, certains se montrent sournois, difficilement repérables au premier abord, mais profondément destructeurs à long terme. Le « monkey-barring » en est un exemple frappant : une stratégie affective dissimulée, qui menace les relations même les plus solides par manque d’engagement réel et peur d’affronter la solitude.
Quand l’amour devient un filet de sécurité
Derrière ce terme anglo-saxon à consonance presque ludique, se cache un comportement particulièrement toxique : celui qui consiste à entretenir plusieurs relations amoureuses en parallèle, non pas par volonté de polyamour assumé, mais par pur calcul affectif. Le « monkey-barring », littéralement « se balancer comme un singe d’une branche à une autre », désigne cette tendance à ne jamais lâcher une relation sans en avoir déjà une autre en cours de construction.
L’image est claire : à l’instar du singe qui évite la chute en gardant toujours un point d’appui, la personne engagée dans cette pratique refuse la rupture tant qu’elle n’a pas sécurisé un autre lien. Cela suppose, bien souvent, une double vie dissimulée, où ni l’un ni l’autre des partenaires n’est pleinement informé de la situation.
Une dynamique relationnelle fondée sur la peur
Les motivations sous-jacentes sont rarement anodines. Selon les experts, ce besoin compulsif de maintenir plusieurs pistes amoureuses ouvertes relève avant tout d’un refus de la solitude, mais aussi — et peut-être surtout — d’une peur profonde de l’engagement.
La personne impliquée n’est pas prête à renoncer totalement à l’existant, mais elle doute de sa solidité ou de sa pérennité. Résultat : elle entretient, plus ou moins consciemment, un lien secondaire, dans lequel elle injecte une part de sa disponibilité affective, sans jamais se l’avouer pleinement. Le partenaire officiel, lui, ressent confusément un désinvestissement, mais peine à en identifier l’origine.
Les signes qui ne trompent pas
Si ce comportement est discret, voire imperceptible au début, certains signes récurrents peuvent alerter :
- Une difficulté à projeter l’avenir ensemble, ou à aborder des sujets engageants
- Un manque de régularité dans les échanges, notamment émotionnels
- Une impression que l’autre « garde une porte ouverte » ailleurs
- Une absence de clarification du statut de la relation, particulièrement dans les premiers mois
Ce flou relationnel est souvent entretenu de manière volontaire, dans une logique d’anticipation : ne jamais être pris au dépourvu, émotionnellement comme affectivement.
Une solution : clarifier, tôt et franchement
Face à cette dynamique, la prévention repose avant tout sur la communication. Il est essentiel, dès les premières phases d’une relation, de formuler clairement ses attentes. Cela ne signifie pas brusquer l’autre, mais simplement poser un cadre explicite, notamment en ce qui concerne l’exclusivité, l’intention de construire, ou les limites personnelles.
Les personnes adeptes du monkey-barring redoutent justement ces confrontations. En instaurant un dialogue direct, on les pousse à se positionner, ou à renoncer si elles ne sont pas prêtes. Mieux vaut perdre un partenaire peu investi que d’alimenter, sans le savoir, une relation en équilibre précaire.
Ce phénomène rappelle que les comportements les plus nocifs ne sont pas toujours bruyants ou agressifs. Certains se logent dans les silences, les demi-engagements, et les absences d’aveu. Et dans le monde des sentiments, le non-dit est parfois plus corrosif que la rupture.



