À la fois symbole d’un miracle médical et figure controversée des excès médiatiques, Nadya Suleman, alias Octomom, a marqué les esprits en 2009. Treize ans plus tard, elle revient sur un parcours semé d’embûches, entre pressions, luttes intimes et résilience familiale.
Une grossesse hors normes aux répercussions mondiales
En janvier 2009, Nadya Suleman entre dans l’histoire en donnant naissance à huit enfants en une seule grossesse, grâce à une fécondation in-vitro. Un événement rarissime qui suscite immédiatement la fascination du public et des médias internationaux. À 33 ans, cette mère célibataire californienne est déjà mère de six enfants, également issus de FIV. Le total monte donc à 14 enfants à charge, sans conjoint ni revenu stable.
Derrière la prouesse médicale, un cadre éthique discutable émerge. Le médecin ayant supervisé la procédure aurait implanté jusqu’à 12 embryons simultanément, bien au-delà des recommandations médicales – qui limitent généralement le nombre à deux ou trois pour éviter les grossesses multiples à risque. Cette négligence lui vaudra d’ailleurs une radiation professionnelle. Mais pour Nadya Suleman, l’intention était claire : réaliser son rêve d’une famille nombreuse, en réponse à une enfance marquée par le vide affectif et le sentiment d’impuissance. « Tout ce que j’ai jamais voulu, c’est avoir des enfants et être mère », confiera-t-elle plus tard.
De la lumière médiatique à l’ombre de la précarité
Si les premiers temps sont empreints de curiosité et de sympathie, le regard du public change rapidement. Les interrogations se multiplient : comment élever seule 14 enfants sans emploi, ni ressources ? Loin de se dérober, Nadya tente d’expliquer sa situation lors d’interviews télévisées, affirmant vouloir reprendre des études pour assurer l’avenir de sa famille.
Mais la réalité est plus complexe. Sa propre mère, Angela Suleman, est contrainte de vendre sa maison pour venir vivre avec sa fille et l’aider à subvenir aux besoins du foyer. L’idéal familial se transforme en un quotidien éprouvant, entre dettes, pressions sociales et médiatisation constante.
Face à l’épuisement et à l’absence de perspectives financières, Nadya Suleman accepte, à contrecœur, des tournages de films pour adultes et des passages dans des clubs de striptease. Une solution désespérée pour préserver un minimum de revenus. Cette période sombre lui vaudra en outre une accusation de fraude aux aides sociales : elle aurait omis de déclarer près de 30 000 dollars de revenus issus de ces activités, tout en percevant des allocations de l’État de Californie.
Treize ans plus tard : entre reconstruction et responsabilité
Aujourd’hui, le récit de Nadya Suleman prend un tout autre relief. Elle parle ouvertement des épreuves traversées : la dépression sévère, les addictions pour supporter une pression écrasante, les pensées suicidaires qui l’ont hantée. « Je ne voulais plus vivre… mais mes enfants m’ont retenue », confie-t-elle avec gravité. À l’époque, elle mélangeait benzodiazépines et alcool, jusqu’à apprendre que ce cocktail avait coûté la vie à Whitney Houston. Ce choc agit comme un électrochoc : elle choisit la survie pour ses enfants, refusant de les abandonner à leur tour.
Depuis, Nadya a entrepris une véritable transformation personnelle. Elle a mis fin à ses activités dans l’industrie du divertissement pour adultes, s’est engagée dans une vie plus sobre et centrée sur ses enfants. Les octuplés, aujourd’hui adolescents, semblent évoluer dans un cadre structuré, loin des projecteurs. Les apparitions médiatiques sont rares, contrôlées, et axées sur le quotidien familial, loin du sensationnalisme des débuts.
Aujourd’hui, la mère de cette famille hors du commun a retrouvé le goût de vivre et même un emploi. Nadya Suleman se fait appeler Nathalie et partage désormais son quotidien via son compte Instagram. Dans un entretien accordé au New York Times, elle confirme que ses enfants vont bien et sont bien élevés. Elle travaille désormais comme conseillère auprès de personnes toxicodépendantes, une activité en lien direct avec les épreuves qu’elle a elle-même traversées. Et surtout, elle affirme vouloir se tenir à distance des tumultes médiatiques qui ont si longtemps défini son image publique.
Une leçon d’ambiguïté et de résilience
Le cas Nadya Suleman interroge toujours. Faut-il y voir un échec du système médical ? Une dérive individuelle ? Ou au contraire un exemple de résilience face à l’adversité ? Sans doute un peu de tout cela. Mais ce qui ressort aujourd’hui, treize ans plus tard, c’est la complexité d’un choix de vie à la fois intime et exposé, et la force d’une mère qui, malgré ses erreurs, n’a jamais abandonné son rôle.
Octomom, devenue symbole malgré elle, reste avant tout une femme confrontée à des choix extrêmes, et une mère déterminée à offrir un avenir à ses enfants.



