Guerre en Ukraine et la Russie annonce un cessez-le-feu pour évacuer Marioupol

Bastien

Guerre en Ukraine : la Russie annonce un cessez-le-feu pour évacuer Marioupol

Annoncé comme un geste humanitaire, le cessez-le-feu déclaré par la Russie à Marioupol n’aura été qu’un leurre de plus dans une guerre où la stratégie militaire piétine les tentatives de paix. Entre promesses non tenues, tragédie humanitaire et tractations internationales, le conflit ukrainien révèle chaque jour un peu plus sa brutalité implacable.

Un cessez-le-feu fragile, une évacuation compromise

L’annonce, pourtant présentée comme une avancée, a rapidement tourné court. Le cessez-le-feu russe déclaré pour évacuer les civils de Marioupol et de Volnovakha, deux villes de l’est de l’Ukraine assiégées, n’a pas tenu plus de quelques heures. Dès le samedi 5 mars, la mairie de Marioupol confirmait que les bombardements se poursuivaient, empêchant toute évacuation sécurisée. Une situation qualifiée de « catastrophique » par Médecins sans Frontières, évoquant une ville privée d’eau, de nourriture, d’électricité et de chauffage depuis plusieurs jours. Le blocus est total, la population civile prise au piège. Ce port stratégique de 450.000 habitants, situé sur la mer d’Azov, représente un objectif militaire clé pour la Russie. Sa capture permettrait la jonction des troupes russes en provenance de Crimée avec celles du Donbass, ouvrant un couloir terrestre vers le nord du pays.

La guerre continue malgré les tractations diplomatiques

Pendant ce temps, les canaux diplomatiques, eux, restent fébriles. Un troisième round de négociations est annoncé pour le lundi suivant, sans que les deux premiers aient abouti à des résultats concrets. En parallèle, les initiatives individuelles se multiplient. Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a rencontré Vladimir Poutine à Moscou, avant de s’envoler pour Berlin. Un ballet diplomatique discret, mais révélateur de la recherche désespérée d’un terrain d’entente. Sur le terrain, la résistance ukrainienne ne faiblit pas. Des combats violents sont signalés à Mykolaïev, Tcherniguiv et Kharkiv, où les forces ukrainiennes affirment avoir lancé des contre-attaques. L’armée russe, elle, poursuit son avancée, concentrant ses efforts sur Marioupol, selon l’état-major ukrainien. La ville de Tcherniguiv, au nord de Kiev, est décrite comme un champ de ruines. Les civils y meurent dans les files d’attente, faute d’abris adaptés.

Les répercussions internationales s’intensifient

Sur la scène internationale, la pression s’accentue sur Moscou. Visa et Mastercard annoncent la suspension de leurs opérations en Russie. Des grèves de travailleurs étrangers apparaissent, comme en Tatarstan, où des ouvriers turcs protestent contre la perte de valeur de leurs salaires liée à la chute du rouble. Le ministère français des Affaires étrangères, lui, recommande aux ressortissants français de quitter la Russie, évoquant la raréfaction des liaisons aériennes. Les sanctions économiques se multiplient, avec leur lot de conséquences imprévues, comme la suspension d’activités journalistiques en Russie (Radio France, Bloomberg, RAI…). À l’inverse, des pays comme la Turquie, bien que membres de l’OTAN, jouent encore un rôle d’équilibriste, refusant de se joindre aux sanctions tout en appelant à la fin du conflit.

Une population en exil, un monde en tension

Plus de 1,3 million de réfugiés ont déjà quitté l’Ukraine, selon l’ONU. Le flux ne faiblit pas. La Pologne et la Moldavie, submergées, reçoivent l’appui des États-Unis, qui promettent une aide humanitaire de 2,75 milliards de dollars. Pendant ce temps, les mots s’entrechoquent sur la scène géopolitique : « dénazification », « génocide », « Munich »… Autant de références historiques lourdes, qui témoignent d’un conflit à haute charge symbolique et émotionnelle. À Marioupol, pendant ce temps, le maire supplie : « Sauvez la ville ». Une ville où, selon ses mots, « il n’y a plus rien », sauf des civils qui attendent une évacuation qui ne vient pas. L’image d’un homme portant dans ses bras son enfant de 18 mois, mort sous les bombardements, suffit à elle seule à résumer l’ampleur du drame humanitaire qui se joue là, sous les yeux d’un monde impuissant.

Analyse : La Russie semble avoir intégré que l’opération éclair initialement planifiée se transforme en conflit de longue haleine. Les efforts diplomatiques restent en surface, tandis que sur le terrain, l’étau se resserre sur les villes clés. Marioupol, plus qu’un enjeu militaire, devient un symbole : celui d’une guerre où le sort des civils est pris en otage.

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