Une phrase lancée en marge d’une conférence politique, un cliché ressuscité, et une nouvelle controverse transatlantique en pleine guerre en Ukraine : Ron DeSantis, gouverneur républicain de Floride, a ravivé une vieille antienne américaine sur la prétendue passivité française face à l’agression militaire. Au-delà de la provocation, c’est l’ignorance historique et le contexte international qui interrogent.
Une sortie provocante sur fond de critique de Joe Biden
Alors qu’il commentait le discours sur l’Union du président américain Joe Biden, qu’il a qualifié de « soporifique », Ron DeSantis a élargi son propos à la guerre en Ukraine. Louant la résistance ukrainienne face à l’armée russe, il a glissé une remarque désobligeante à l’égard de la France : « Vous vous imaginez si Poutine avait envahi la France, est-ce qu’ils auraient résisté ? Probablement pas. »
Cette phrase, au ton moqueur, s’inscrit dans une tradition bien connue outre-Atlantique : le stéréotype d’une France défaillante militairement, souvent évoqué depuis le refus de Paris de participer à l’invasion de l’Irak en 2003. Mais prononcée dans le contexte actuel, alors que l’Europe est mobilisée face à l’agression russe, elle a suscité de vives réactions.
Réactions immédiates et tollé numérique
Sur les réseaux sociaux, la réplique de DeSantis a généré un flot de commentaires indignés, voire moqueurs. Plusieurs internautes lui ont reproché son ignorance historique, notamment sur le rôle de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Certains rappellent que des milliers de Français ont risqué leur vie contre l’occupation nazie, pendant que d’autres relayaient des visuels sarcastiques, tels que le GIF « Please stop talking » assorti du mot-clé #FrenchResistance.
La critique va au-delà de l’anecdote. Nombre d’observateurs y voient une forme de mépris culturel teinté d’un manque de maîtrise géopolitique, d’autant plus problématique venant d’un élu de premier plan aux ambitions nationales.
Le parcours contrasté d’un prétendant républicain
Ancien protégé de Donald Trump, Ron DeSantis s’est rapidement imposé comme figure montante du Parti républicain. Gouverneur de Floride depuis 2019, il s’est illustré à ses débuts par des mesures populaires : soutien à l’éducation, protection de l’environnement avec l’interdiction de la fracturation hydraulique dans les Everglades, et légalisation du cannabis thérapeutique.
Mais sa gestion tardive du Covid-19 et son éloignement progressif de Trump ont modifié son image. DeSantis a progressivement endossé un rôle de tribun conservateur, promouvant une ligne dure sur les questions sociétales. Il est à l’origine de la très controversée loi « Don’t Say Gay », qui interdit d’aborder les sujets d’orientation sexuelle et d’identité de genre à l’école en Floride.
Sa communication, souvent clivante, a franchi un nouveau cap lors d’une manifestation néo-nazie dans l’État. Son refus de condamner fermement l’événement, et surtout les propos de sa porte-parole Christina Pushaw, interrogent. Celle-ci a publié un message remettant en doute la réalité même de la manifestation : « Savons-nous seulement si ce sont réellement des nazis ? », avant de supprimer son tweet.
Conclusion
La remarque sur la France, en apparence légère, traduit une stratégie politique assumée : celle de l’outrance contrôlée, visant à séduire un électorat conservateur friand de nationalisme et de provocation. Mais dans un monde marqué par l’instabilité géopolitique, de telles déclarations comportent des risques d’incompréhension diplomatique. Elles soulignent également la tension croissante entre populisme nationaliste américain et relations transatlantiques, au moment même où l’unité occidentale face à la Russie demeure essentielle.



