Vladimir Poutine a prêté serment mardi pour un cinquième mandat en tant que président de la Russie, conférant une façade de légitimité à un processus qui l’a vu modifier la constitution et organiser une élection simulée pour prolonger de six ans son règne d’un quart de siècle.
« À partir de maintenant, c’est la répétition et la dégradation », a écrit l’analyste politique londonien Vladimir Pastukhov.
- À quoi ça ressemblait
L’homme (Poutine), le lieu (le Grand Palais du Kremlin) et la date (le 7 mai) n’ont pas changé depuis 2000 (sauf un court intermède en 2008, lorsque Dmitri Medvedev a pris le relais présidentiel).
Il semble que l’approche de la télévision d’État russe en matière de couverture de l’événement ne soit pas non plus la même.
Comme à de précédentes occasions, Poutine a été montré en train de terminer un travail dans son bureau avant de parcourir un long couloir et d’être conduit à la cérémonie.
Le scénario n’a laissé aux commentateurs que peu de choses à dire, hormis le nouvel intérêt de Poutine pour les peintures qui ornent son bureau depuis des décennies, ou la voiture de luxe Aurus modernisée qui l’a transporté jusqu’au lieu de l’événement.
Même la bénédiction divine accordée à Poutine par le patriarche russe Kirill – qui l’appelait « Votre Altesse » et exprimait l’espoir que Poutine « gouvernerait jusqu’à la fin de sa vie » – était une répétition.
Mais là où les humains ne parviennent pas à innover, la nature intervient. Contrairement à l’inauguration ensoleillée de 2018, la version de cette année était grise et enneigée, permettant au camp pro-Kremlin de féliciter Poutine pour avoir bravé le froid sans chapeau.
- Ce que Poutine a dit
Dans un bref discours après avoir prêté serment et promis de défendre la Constitution russe – qui a été modifiée pour lui permettre de se présenter à nouveau à la suite du référendum controversé de 2020 – Poutine a promis de « placer les intérêts et la sécurité du peuple russe avant tout ». »
Dans un article sur Telegram, l’analyste pro-Kremlin Alexei Chesnakov a résumé le message de Poutine avant son prochain mandat de six ans en trois mots : « Souveraineté. Développement. Unité. »
- Qui était là
En parlant d’éternelle récurrence, la foule de plusieurs milliers de personnes contenait bon nombre des mêmes visages que la dernière fois – Poutine n’étant pas partisan du renouveau politique – ainsi que des personnes liées à la guerre en Ukraine.
L’un des participants notables était le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, qui, selon les rumeurs, serait tombé en disgrâce auprès du Kremlin après que son adjoint ait été récemment arrêté pour corruption.
Une autre apparition qui a retenu l’attention a été celle de l’homme fort tchétchène Ramzan Kadyrov, qui était visiblement absent du discours sur l’état de la nation de Poutine en février et qui serait en phase terminale.
Plutôt que de dissiper ces rumeurs, Kadyrov a été filmé en train d’être aidé à retirer son manteau, ce qui a amené certains à dire qu’il était soit trop malade, soit trop despotique (peu de surprise) pour le faire lui-même.
La liste des dignitaires étrangers comprendrait des envoyés de plusieurs pays européens – France, Hongrie, Slovaquie, Malte, Chypre et Grèce – faisant allusion à des divisions entre les pays occidentaux sur la manière de traiter avec Poutine, alors que l’opposition russe appelle à le déclarer illégitime.
Mais l’invité préféré des commentateurs pro-Kremlin semblait être Steven Seagal, l’acteur hollywoodien devenu pom-pom girl du régime de Poutine.
- Qui n’était pas là
Une vingtaine de pays de l’UE auraient boycotté la cérémonie, tandis que l’ambassadeur américain était également absent après avoir quitté Moscou, selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Ryabkov.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que les non-présentations n’étaient pas « une raison pour certaines mesures de représailles », soulignant que l’inauguration était principalement destinée aux citoyens russes.
Néanmoins, les propagandistes russes ont souligné avec allégresse que les médias occidentaux avaient couvert l’inauguration, la saluant comme une preuve de la stature de Poutine malgré son isolement international.
- Chair à canon
Un rare moment de soulagement comique s’est produit à l’extérieur des murs du Kremlin, où un coup de canon cérémonial a entraîné la mort d’au moins un arbre.