Polish women protest against a legislative proposal for a total ban on abortion in Poland, during a demonstration near EU headquarters in Brussels, Monday, Oct. 3, 2016.

Jean Delaunay

En Belgique, des femmes se rendent aux Pays-Bas pour des avortements tardifs

En Belgique, l’avortement est légal 12 semaines après la conception, et de nombreuses femmes traversent la frontière vers les Pays-Bas afin d’interrompre leur grossesse plus tard.

Plus de 300 femmes en Belgique, y compris celles confrontées à des difficultés financières, se rendent chaque année aux Pays-Bas pour interrompre leur grossesse.

Les Pays-Bas, qui autorisent l’avortement jusqu’à 22 semaines après la conception, offrent aux femmes la possibilité d’interrompre leur grossesse plus tard qu’en Belgique, où la limite est de 12 semaines.

Plus de vingt associations pro-avortement en Belgique ont attiré l’attention sur les complications du cadre juridique national en matière d’avortement. Outre que les femmes ne disposent que de 12 semaines pour interrompre leur grossesse, un délai de réflexion de 6 jours est obligatoire entre la première consultation et le début de la procédure. Les femmes qui ne respectent pas ce délai de réflexion s’exposent à des sanctions importantes.

Les centres de planification familiale estiment que ces conditions juridiques sont incompatibles avec le vécu de nombreuses femmes et demandent un allongement du délai dans lequel une femme peut interrompre sa grossesse.

Frédéric Brichau, coordinateur du Centre du Planning Familial de Namur, estime que chaque situation doit être appréhendée avec « flexibilité », et qu’un délai de réflexion de six jours est improductif car « peut-être que la femme a déjà réfléchi quinze jours avant de nous contacter ». ou a fait un test de grossesse le matin même avant de nous contacter. »

La limite légale varie à travers l’Europe

Les femmes belges ne sont pas les seules à se trouver dans la situation compliquée de devoir traverser les frontières européennes pour interrompre une grossesse en toute sécurité.

Les délais légaux varient selon les pays européens, allant de 10 semaines au Portugal à 24 semaines aux Pays-Bas.

La majorité des pays ont fixé la limite à 12 semaines. L’Espagne et l’Autriche autorisent l’avortement jusqu’à 14 semaines et ont renoncé à un délai de réflexion obligatoire. En Bulgarie, la limite est de 20 semaines. En Pologne, pays à forte tradition catholique, l’avortement est illégal, sauf dans les cas où la grossesse est le résultat d’un acte criminel ou où la vie de la femme est en danger.

Des manifestants protestent contre la loi polonaise restrictive sur l'avortement à Varsovie, en Pologne, le mercredi 14 juin 2023.
Des manifestants protestent contre la loi polonaise restrictive sur l’avortement à Varsovie, en Pologne, le mercredi 14 juin 2023.

Lina Gálvez, présidente de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres, a déclaré à L’Observatoire de l’Europe que « celles qui ont assez d’argent peuvent aller dans un autre pays, mais pour celles qui n’ont pas les ressources, ce n’est pas toujours une option. Cela empêche l’avortement. étant un droit universel pour toutes les femmes du monde entier ».

Des efforts non contraignants

Le Parlement européen a proposé des initiatives législatives pour tenter de garantir un avortement libre et sécurisé pour toutes les femmes, quel que soit leur pays d’origine.

Parmi ces efforts figure le rapport Matić 2021, qui exhorte les États membres à « décriminaliser l’avortement » et à garantir qu’il est sans danger en le considérant comme « un droit fondamental », afin que son refus puisse être considéré comme « un acte de violence sexiste ».

Plus récemment, en avril 2024, le Parlement européen a approuvé l’inclusion de l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE.

Cependant, aucune de ces initiatives collectives n’est contraignante, les lois sur l’avortement restant à la discrétion de chaque État membre.

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