VARSOVIE — La Pologne a demandé une exemption totale de l’obligation d’accueillir des migrants dans le cadre d’un plan de l’UE qui permet aux pays de partager le fardeau des flux de population.
« Nous disons depuis des mois qu’il n’y a pas d’accord sur les mécanismes de relocalisation », a déclaré mercredi le ministre de l’Intérieur et de l’Administration Marcin Kierwiński en annonçant la décision de demander l’exemption.
« La Pologne supporte des coûts énormes pour protéger les frontières de l’Union européenne, subit la pression migratoire de la Biélorussie et a accepté des réfugiés de guerre en provenance d’Ukraine. »
La Commission européenne avait annoncé mardi quels pays de l’UE seraient éligibles à une aide pour faire face à la pression migratoire, et quels pays seraient exemptés de l’aide dans le cadre du pool de solidarité de l’UE.
Il indique que la Pologne – ainsi que l’Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la Tchéquie et l’Estonie – sont confrontées à une pression migratoire importante et pourraient demander des exemptions du Pool de solidarité, qui exige que les États membres acceptent un quota de demandeurs d’asile, paient pour chaque personne qu’ils refusent d’accueillir ou offrent une autre forme d’assistance.
« Comme je l’ai dit, la Pologne n’acceptera pas de migrants dans le cadre du Pacte sur les migrations. Nous ne paierons pas non plus pour cela. La décision a été prise. Nous ne parlons pas, nous agissons », a écrit le Premier ministre Donald Tusk mardi soir sur X.
Le gouvernement polonais a qualifié le plan de la Commission de « succès majeur », affirmant que Varsovie faisait pression depuis des mois pour être reconnue parmi les pays confrontés à « des situations migratoires très graves ».
« Nos partenaires (de l’UE) le savent très bien, nous sommes soumis à une très forte pression migratoire et… nous ne devons plus faire face à d’autres engagements », a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement Adam Szłapka lors d’un point de presse.
L’évaluation annuelle de la migration par la Commission, publiée le 10 novembre, a révélé que les passages irréguliers vers l’UE étaient inférieurs de 35 % entre juillet 2024 et juin 2025 par rapport aux 12 mois précédents. Pourtant, plusieurs États de l’UE continuent de faire face à une pression soutenue du fait des arrivées irrégulières et de ce que Bruxelles décrit comme une « militarisation de la migration » par la Russie et la Biélorussie.
L’enthousiasme de Tusk marque un revirement par rapport à sa rhétorique antérieure. En 2021, alors qu’il effectuait une tournée en Pologne pour solliciter des soutiens avant les élections de 2023 qui l’ont porté au pouvoir, il a décrit les migrants à la frontière polono-biélorusse comme « des gens pauvres cherchant leur place sur Terre ».
La migration est devenue l’une des principales questions politiques polonaises, la plupart des partis – au gouvernement comme dans l’opposition – s’opposant à l’acceptation de demandeurs d’asile dans le cadre des quotas européens.
Le Conseil européen est chargé de décider quels États membres doivent contribuer aux mesures de solidarité et lesquels bénéficient d’exemptions, sur la base des évaluations fournies par la Commission.



