Le chef de guerre libyen libéré par le gouvernement de Meloni est arrêté à Tripoli

Martin Goujon

Le chef de guerre libyen libéré par le gouvernement de Meloni est arrêté à Tripoli

Le chef de guerre libyen Osama Al-Masri Njeem, libéré de prison de manière controversée par les autorités italiennes en janvier, a été arrêté mercredi à Tripoli pour torture et violences contre des prisonniers.

« Comme des preuves suffisantes ont été établies pour étayer les accusations, le procureur général a renvoyé l’accusé devant le tribunal, alors qu’il reste en détention provisoire en attendant le jugement », a déclaré le bureau du procureur général de l’État de Libye dans un communiqué.

Il a ajouté que les enquêtes sur Al-Masri ont révélé « des violations des droits des détenus du principal établissement de réforme et de réinsertion de Tripoli », notamment la torture d’au moins 10 détenus et « la mort d’un détenu suite à la torture ».

Al-Masri, connu depuis longtemps comme un personnage clé de la prison libyenne de Mitiga, avait déjà été arrêté à Turin le 19 janvier après avoir assisté à un match de football de la Juventus, à la suite d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale l’accusant de crimes de guerre, de torture, de meurtre et de violences sexuelles.

Malgré ces accusations, l’Italie l’a libéré au bout de 48 heures, une décision qui a suscité l’indignation à Rome et a incité la Cour des ministres à ouvrir une enquête contre le ministre de la Justice Carlo Nordio, le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi et le secrétaire du Cabinet Alfredo Mantovano pour des allégations selon lesquelles ils auraient facilité le retour d’Al-Masri en Libye.

L’enquête a finalement été rejetée début octobre par la chambre basse du parlement italien, où le gouvernement détient la majorité.

Les critiques du gouvernement ont accusé l’administration du Premier ministre Giorgia Meloni d’avoir renvoyé Al-Masri en Libye pour protéger les intérêts énergétiques italiens et prévenir d’éventuelles représailles, notamment des menaces de freiner la coopération en matière de contrôle migratoire.

Le gouvernement italien, pour sa part, a défendu cette décision pour des raisons de procédure légale et de sécurité nationale.

Le 2 novembre, Rome et Tripoli ont renouvelé pour trois ans le controversé mémorandum d’accord Italie-Libye, un accord dans lequel les garde-côtes libyens bloqueraient le départ des migrants du continent africain.

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