La Belgique est fondamentalement un narco-État, prévient un haut juge d'Anvers

Martin Goujon

La Belgique est fondamentalement un narco-État, prévient un haut juge d’Anvers

Le trafic de drogue transforme la Belgique en un narco-État et l’État de droit est menacé, a écrit un juge anversois dans une lettre anonyme publiée lundi demandant une aide urgente au gouvernement fédéral.

« Ce qui se passe aujourd’hui dans notre district et au-delà n’est plus une question de criminalité classique. Nous sommes confrontés à une menace organisée qui met à mal nos institutions », écrit le juge d’instruction dans la missive publiée sur le site officiel de la justice belge.

« De vastes structures de type mafieux se sont implantées, devenant un pouvoir parallèle qui défie non seulement la police mais aussi le pouvoir judiciaire. Les conséquences sont graves : évoluons-nous vers un narco-État ? Pas question, pensez-vous ? Exagéré ? Selon notre commissaire aux drogues, cette évolution est déjà en cours. Mes collègues et moi partageons cette inquiétude », a ajouté le juge.

L’immense port d’Anvers sert de porte d’entrée aux stupéfiants illégaux entrant en Belgique – et en Europe plus largement. Bruxelles, la capitale du pays, a été en proie à une vague de fusillades liées à la drogue, avec plus de 60 incidents rien que cette année, dont 20 se sont produits cet été.

En réponse au bain de sang, le ministre belge de l’Intérieur, Bernard Quintin, a déclaré vouloir déployer des soldats dans les rues de Bruxelles. Plus tôt cette année, le gouvernement belge a approuvé la fusion des six zones de police de Bruxelles en une seule unité, qui devrait entrer en vigueur début 2027, pour lutter contre le fléau de la violence.

Dans la lettre anonyme, le juge poursuit en soulignant qu’un narco-État se caractérise par une économie illégale, la corruption et la violence – des conditions que la Belgique remplit, selon le juge. Le juge constate que les réseaux de blanchiment d’argent font grimper les prix de l’immobilier, que la corruption pénètre les institutions de l’État et que des enlèvements peuvent être ordonnés sur Snapchat.

« Cette corruption s’infiltre dans nos institutions. Les affaires que j’ai menées ces dernières années – et je ne suis qu’un des 17 juges d’instruction à Anvers – ont abouti à l’arrestation d’employés occupant des postes clés dans les ports, d’agents des douanes, de policiers, d’employés municipaux et, malheureusement, même du personnel de la justice, tant dans les prisons qu’ici, dans ce bâtiment », peut-on lire dans la lettre du juge.

« Une attaque à domicile avec une bombe ou des armes de guerre, une invasion de domicile ou un enlèvement sont tous facilement commandés en ligne. Vous n’avez même pas besoin d’aller sur le dark web ; un compte Snapchat suffit », a ajouté le juge.

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