PARIS — L’agence de notation Moody’s a maintenu vendredi sa note de crédit sur la France mais a révisé sa perspective de « stable » à « négative » alors que le gouvernement assiégé du Premier ministre Sébastien Lecornu peine à faire adopter son budget.
La décision de Moody’s de ne pas abaisser la note de la France sera un soulagement pour le gouvernement après les dégradations par les deux autres grandes agences de notation – S&P et Fitch – ces dernières semaines.
Moody’s a maintenu sa note souveraine à long terme sur la France à Aa3, mais a évoqué l’instabilité politique et les difficultés qui en résultent pour maîtriser le déficit budgétaire du gouvernement et a abaissé sa perspective à négative. La perspective négative signifie que la prochaine mise à jour de l’agence de notation pourrait probablement être une dégradation.
La décision de vendredi « reflète le risque accru que la fragmentation du paysage politique du pays continue de nuire au fonctionnement des institutions législatives françaises », a déclaré Moody’s dans un communiqué.
« Cette instabilité politique risque d’entraver la capacité du gouvernement à relever des défis politiques clés tels qu’un déficit budgétaire élevé, un fardeau de la dette croissant et une augmentation durable des coûts d’emprunt », a déclaré l’agence.
Le ministre français des Finances, Roland Lescure, a déclaré dans un communiqué que la décision de Moody’s montrait « la nécessité absolue de construire une voie commune vers un compromis budgétaire ». Il a ajouté que l’administration « reste déterminée » à atteindre l’objectif de déficit de 5,4 pour cent du PIB cette année et à ramener le déficit budgétaire en dessous de 3 pour cent du PIB d’ici 2029.
Dans une interview accordée à L’Observatoire de l’Europe peu avant la publication de la décision, Atsi Sheth, directeur du crédit de Moody’s, a déclaré que mettre de l’ordre dans les finances publiques françaises était de plus en plus « difficile » en raison de l’incapacité des partis français à trouver des compromis.
La chambre basse du Parlement français, l’Assemblée nationale, a commencé cette semaine à discuter de la réduction budgétaire de 30 milliards d’euros proposée par le gouvernement pour l’année prochaine.
Dans une autre concession visant à gagner le soutien des socialistes, Lecornu a promis de ne pas utiliser une porte dérobée constitutionnelle qui lui aurait permis de contourner un vote au Parlement pour adopter le budget et d’ignorer la plupart des amendements parlementaires.
Mais cela laisse son projet de budget vulnérable à une dilution au cours du processus parlementaire et au risque que les réductions du déficit soient moindres que prévu.



