message codé caché

Bastien

Un message codé caché dans un vieux manuscrit relance le mystère de la pierre philosophale

Certains récits traversent les siècles sans jamais perdre leur pouvoir de fascination. C’est le cas de celui-ci : la pierre philosophale, emblème mythique de l’alchimie, censée offrir la vie éternelle et la guérison universelle, est au cœur d’une redécouverte étonnante. À Londres, dans les archives feutrées de la British Library, une doctorante en histoire est tombée en 2018 sur un manuscrit codé vieux de quatre siècles. Ce document, rédigé par Arthur Dee, fils du célèbre alchimiste et conseiller de la reine Elizabeth, John Dee, contient un passage crypté qui pourrait bien raviver un mystère ésotérique vieux de plusieurs siècles.

Une découverte fortuite dans les entrailles de l’alchimie

C’est en explorant les papiers personnels d’Arthur Dee que Megan Piorko, jeune chercheuse, repère un carnet énigmatique. Un tableau complexe de lettres, un texte en latin crypté, des pages retournées : tous les signes d’un message codé se présentent. L’un des titres attire particulièrement son attention : Hermeticae Philosophiae Medulla, autrement dit « la moelle de la philosophie hermétique ». Une formule qui résonne avec force dans l’histoire de l’alchimie, souvent mêlée à une symbolique mythologique et spirituelle.

Un an plus tard, lors d’un congrès international à Amsterdam, Piorko partage sa trouvaille avec une autre historienne, Sarah Lang. Ensemble, elles tentent de percer le secret du message de 177 mots, sans succès. Le code semble fondé sur une technique de substitution polyalphabétique, une méthode popularisée par les Italiens Giovan Battista Bellaso et Giambattista della Porta au XVIe siècle. Un détail important : le tableau de correspondance alphabétique ne devient lisible qu’avec un mot de passe. Or, aucune des deux historiennes ne parvient à l’identifier.

Une solution venue de l’autre bout du monde

En 2021, après avoir présenté leur recherche lors d’une conférence virtuelle dédiée à l’histoire de la cryptographie, les deux chercheuses reçoivent une avalanche de messages. Parmi eux, un email se distingue par sa sobriété : « Je l’ai résolu. » Son auteur : Richard Bean, mathématicien et cryptologue australien. Fort de son expérience, il combine approches classiques et algorithmes contemporains pour venir à bout du code.

La clef de voûte du message ? Une citation latine inspirée du mythe de Jason et de la Toison d’or : sic alter Iason aurea felici portabis uellera Colcho. Une phrase poétique qui, traduite, signifie : « Comme un nouveau Jason, tu emporteras la toison d’or loin de la joyeuse Colchos. » Ce mot de passe mythologique ouvre enfin la porte du texte codé.

Une promesse d’élixir de jouvence ?

Ce que révèlent alors les mots décryptés est aussi intrigant que symbolique. Arthur Dee y affirme avoir consigné la recette d’un élixir capable de restaurer la santé, y compris chez les malades les plus atteints. Un écho direct aux légendes entourant la pierre philosophale, censée transformer le plomb en or et offrir la vie éternelle. Pour les historiennes, ce texte n’est pas une simple élucubration : il s’inscrit dans un courant intellectuel structuré, mêlant science naissante, spiritualité et mysticisme.

L’étape suivante est désormais entre les mains de chimistes qui, à partir de la traduction complète, tenteront d’interpréter les formulations anciennes. Objectif : comprendre si le manuscrit contient des bases réalistes, exploitables dans une démarche scientifique moderne — ou s’il s’agit d’un exemple parmi d’autres de la riche tradition symbolique de l’alchimie.

Quoi qu’il en soit, cette découverte témoigne d’un dialogue fascinant entre passé et présent, où la cryptographie historique, la philologie et les sciences expérimentales se rencontrent. Et rappelle que certains secrets, même vieux de quatre siècles, peuvent encore faire vibrer les esprits curieux d’aujourd’hui.

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