Un policier efface son propre PV et finit condamné après avoir été dénoncé

Bastien

Un policier efface son propre PV… et finit condamné après avoir été dénoncé

Quand ceux qui font respecter la loi choisissent de s’en affranchir, même pour une infraction minime, la machine judiciaire se rappelle vite à leur bon souvenir. À Lancy, en Suisse, un chef de brigade a appris à ses dépens qu’il n’y a pas de passe-droit pour les garants de l’ordre. Retour sur une affaire embarrassante aux allures de leçon d’éthique.

Un excès de zèle aux conséquences irréversibles

Parfois, ce ne sont pas les grandes affaires de corruption ou les réseaux souterrains qui entachent la probité d’une institution, mais des gestes d’apparence anodine… qui en disent long. À Lancy, commune suisse jouxtant Genève, c’est un PV de stationnement de 40 francs suisses — soit un peu plus de 42 euros — qui a coûté sa carrière à un policier pourtant expérimenté. Ce dernier, chef de la brigade municipale de stationnement, a cru bon de s’accorder une faveur : effacer sa propre amende.

Un geste isolé ? Une erreur de jugement ? Peut-être. Mais dans le monde de la fonction publique, la confiance est une monnaie bien plus précieuse que le contenu d’un porte-monnaie. Et elle, ne se falsifie pas.

Falsification, pression hiérarchique… une ligne rouge franchie

Ce qui aurait pu rester un petit écart s’est transformé en affaire judiciaire à part entière, notamment parce que le policier en question n’a pas agi seul. Pour faire annuler son amende, il a falsifié des documents et impliqué un subordonné, en lui demandant de couvrir ses traces. Ce dernier, mal à l’aise, a rapidement alerté d’autres membres du service. L’information a fuité, puis fait boule de neige. Face à la pression croissante, l’homme a reconnu les faits et a présenté sa démission.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car falsifier des documents officiels pour un bénéfice personnel, aussi minime soit-il, reste un délit aux yeux de la loi. Et la justice suisse, connue pour son sérieux, s’est saisie du dossier.

Un verdict sans équivoque

Devant les juges, l’ancien chef a livré un aveu empreint de remords :
« Je ne peux pas expliquer pourquoi j’ai fait ça. Je m’en voudrai toute ma vie. » Une déclaration qui, bien qu’humaine, n’a pas suffi à effacer les conséquences de ses actes.

Le tribunal l’a condamné à deux amendes :

  • une première, ferme, de 1 400 francs suisses (environ 1 500 euros)
  • une seconde, de 7 000 francs (près de 7 500 euros), assortie d’un sursis

Un prix élevé à payer pour avoir voulu économiser quelques dizaines d’euros. Quant à la municipalité de Lancy, elle s’est contentée d’une brève déclaration : « Le collaborateur ne fait plus partie du personnel de la Ville. » Fermez le ban.

Une affaire révélatrice

Ce cas, aussi isolé soit-il, soulève des questions plus larges : jusqu’où peut aller un sentiment d’impunité lorsqu’on est en position d’autorité ? Pourquoi un cadre expérimenté, ayant gravi les échelons d’un service public, met-il en jeu sa carrière pour une infraction mineure ? Peut-on parler d’un excès de confiance ? Ou d’un système trop laxiste face aux petites dérives internes ?

L’affaire montre aussi le rôle essentiel du collectif. Sans le courage — ou la conscience professionnelle — du subordonné qui a tiré la sonnette d’alarme, l’affaire serait peut-être passée sous silence. Cette vigilance interne est parfois le dernier rempart contre les abus de pouvoir, même à petite échelle.

En conclusion

Il n’y a pas de petite faute lorsqu’il s’agit d’éthique publique. Le respect des règles ne vaut pas uniquement pour les citoyens ordinaires, mais surtout pour ceux qui les font appliquer. Cette affaire rappelle que l’intégrité ne se mesure pas à la taille d’une infraction, mais à la capacité à rester droit, même dans les détails. Le prix de l’infraction ? Un PV effacé… mais une carrière effondrée.

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