La guerre en Ukraine n’est pas un accident isolé, mais un révélateur d’ambitions plus larges. Tandis que l’OTAN renforce son flanc sud-est, Moscou ne cache plus son intérêt pour les républiques issues de l’ancienne Yougoslavie, où les réseaux prorusses tissent patiemment leur toile politique.
Un flanc sud-est sous haute protection
L’OTAN ne se limite plus à la défense de son flanc nord-est : aujourd’hui, la Roumanie accueille un bataillon multinational sous commandement français, composé d’environ 1 500 soldats, dans le cadre de la Mission Aigle. Basé à Cincu, ce groupe vise à jouer un rôle dissuasif face à la Russie. Il fait partie d’un ensemble plus vaste, l’Enhanced Forward Presence, qui déploie également des forces en Bulgarie, Hongrie et Slovaquie, pour renforcer la posture défensive de l’Alliance le long de la mer Noire. De surcroît, un QG multinational a été établi à Bucarest, renforçant la coordination de ces structures opérationnelles.
Les Balkans : laboratoire d’influence russe
Au-delà de la mer Noire, la Russie porte ses regards sur les pays de l’ex‑Yougoslavie. Non pas en tant que priorité affichée, mais en tant que terrain d’opportunité : les Balkans offrent à Moscou un espace pour projeter son statut de grande puissance, freiner l’intégration euro-atlantique, et déstabiliser des pays encore fragiles face à l’économie et aux influences extérieures. Cette région revient régulièrement dans les discours officiels russes, notamment en lien avec la Serbie, considérée comme le partenaire privilégié du Kremlin.
Une stratégie combinant légitimité historique et influence indirecte
La Russie revendique une proximité historique avec la région, souvent évoquée sous des formes idéalisées. Mais au-delà des récits, sa stratégie repose sur des moyens plus discrets : soutien aux élites locales favorable à Moscou, diffusion d’une imagerie idéologique (langue, religion, narratifs historiques), et exploitation des lignes de fracture internes (ethniques, économiques ou politiques). Les Balkans deviennent ainsi un périmètre où s’exerce une royale politique de la confrontation géopolitique par procuration.
Un face-à-face plus large : OTAN vs Russie sur plusieurs axes
Le renforcement de l’Alliance dans les Balkans n’est pas un simple effet secondaire de la guerre en Ukraine, mais une réponse stratégique aux ambitions russes. Les États européens comme la Roumanie investissent massivement dans des infrastructures militaires – bases, quartiers de garnison, systèmes anti-aériens – pour protéger non seulement leur territoire, mais aussi la stabilité régionale.
En synthèse
Loin de se cantonner à l’Ukraine, le brasier russo-occidental trouve une seconde scène dans les Balkans. Pour le Kremlin, la région représente à la fois une prolongation de sa sphère d’influence et une zone de manœuvre pour contrer l’OTAN et l’UE. Pour l’Alliance, elle est désormais un front incontournable, où vigilance géopolitique et unités multinationales tissent les remparts d’un ordre européen défensif.



