PARIS – Même de sa retraite de vacances en bord de mer au Fort de Brégançon, le président Emmanuel Macron surveillera de près une décision de justice clé sur un pesticide controversé jeudi.
La question de savoir si les agriculteurs français seront autorisés à protéger leurs cultures avec un produit chimique appelé acétamipride est loin d’être une affaire technique obscure. En fait, il met à nu une ligne de faille majeure dans la politique française entre le puissant secteur agricole et les citoyens plus écologiques, inquiets des pesticides nuisant aux pollinisateurs et à la santé humaine.
Le défi de Macron est qu’il est pressé politiquement entre les électeurs à l’esprit vert – souvent concentré dans les zones métropolitaines – et les agriculteurs influents des Heartlands ruraux, tandis que ses centristes libéraux faiblissent et que le rallye national d’extrême droite de Marine Le Pen regarde la présidence en 2027.
La principale cour constitutionnelle de la France devrait décider jeudi si un projet de loi qui comprend la réautorisation de l’acétamipride – sous surveillance pour ses effets sur les systèmes nerveux des abeilles et des humains – est constitutionnellement solide.
Il s’agit d’un examen de routine pour chaque élément de législation, mais il attire une attention inhabituelle dans cette affaire après qu’une pétition en ligne appelant l’abrogation de la loi est devenue virale.
Mardi, plus de 2 millions de citoyens français avaient signé une pétition lancée par un étudiant de 23 ans à Bordeaux, Eléonore Pattery, appelant à « l’abrogation immédiate » de la soi-disant Loi Duplomb, du nom du sénateur conservateur qui a présenté la législation. La pétition, organisée sur un portail gouvernemental, peut stimuler le débat parlementaire mais ne lie pas les législateurs à agir.

Le débat autour de l’acétamipride a mis la France – et Macron – dans une obligation.
En 2018, l’Union européenne a interdit trois néonicotinoïdes, un groupe d’insecticides qui comprend de l’acétamipride, sur la menace qu’ils constituent pour les pollinisateurs tels que les abeilles. Il n’a cependant pas interdit l’acétamipride lui-même, qui est considéré comme moins toxique pour les abeilles et se décompose plus rapidement dans le sol.
Paris, à la recherche de leadership environnemental de l’UE, est allé plus loin que ses voisins et a de toute façon interdit l’acétamipride.
Ensuite, le calcul politique a changé. Comme de nombreux autres pays d’Europe, la France a été confrontée à une augmentation des dissidents des agriculteurs à travers le pays. Ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme une taxation et une réglementation excessives, et soutiennent que des interdictions comme celle sur l’acétamipride les ont laissées à un inconvénient compétitif.
Avec une élection européenne imminente l’année dernière, le gouvernement français a cherché à sembler sympathique à la cause des agriculteurs. « L’objectif de réduire l’utilisation de pesticides ne devrait pas laisser nos agriculteurs impuissants et sans solutions. En fin de compte, personne n’en bénéficierait – pas l’environnement, pas la santé et non l’agriculture », a déclaré à l’époque le ministre du Prime de l’époque, Gabriel Attal, chef du parti de la renaissance de Macron.

La LOI Duplomb reflète ce passage vers le côté des exigences des agriculteurs. Le projet de loi vise à atténuer leur fardeau non seulement en réintroduisant l’acétamipride mais aussi par les règlements des règles sur la construction et l’expansion des grands bâtiments de bétail. Il est soutenu par le gouvernement et par les grands lobbies de l’agriculture française FNSEA et Jeunes Agriculteurs, qui ont joué un rôle important dans l’élaboration de la législation.
Au cours des manifestations, les agriculteurs devaient largement recevoir un soutien public – ils sont souvent considérés comme cruciaux pour les intérêts fondamentaux de la France et l’un des derniers avoirs de la vie rurale dans un pays urbanisé.
Cette fois, cependant, l’opinion publique semble avoir changé.
Le succès historique de la pétition contre la LOI Duplomb a été alimenté par une opposition de grande envergure de célébrités, de stars de cinéma et d’influenceurs. Les signataires doivent se connecter via une plate-forme gouvernementale sécurisée utilisée pour les taxes ou les services de santé, garantissant que chaque personne ne signe qu’une seule fois. Un sondage publié le mois dernier par le French Institute Cluster17 a montré que 61% des répondants s’opposaient fortement au projet de loi – 41%. Seulement 33% ont déclaré qu’ils étaient soit « quelque peu en faveur » ou « fortement en faveur ».
La science derrière la toxicité d’Acetamiprid est contestée. En 2024, l’European Food Safety Authority a proposé de réduire considérablement les doses d’admission quotidiennes recommandées, citant des « incertitudes majeures » sur l’effet de la substance sur le développement du système nerveux – tout en supposant d’appeler une interdiction.
L’Ordre national des médecins de la France s’est prononcé contre la LOI Duplomb, écrivant dans un communiqué selon lequel « le doute n’est pas raisonnable en ce qui concerne les substances qui peuvent exposer la population à des risques majeurs: troubles neurodéveloppementaux, cancers pédiatriques, maladies chroniques. »

Certains études de laboratoire et d’animaux suggèrent que l’acétamipride peut causer des dommages à l’ADN ou agir comme un perturbateur hormonal – les deux voies potentielles du cancer – mais l’agence américaine de protection de l’environnement a conclu qu’elle « était peu susceptible d’être cancérigène pour l’homme ».
Macron a retardé la réponse à la pétition virale jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel rende sa décision.
Deux contestations constitutionnelles ont été déposées contre la loi – l’une citant les droits environnementaux, l’autre critiquant le processus accéléré utilisé pour contourner un débat à l’Assemblée nationale.
Si le tribunal vert éclaire la LOI Duplomb, Macron restera avec peu d’options. Étant donné que la pétition a adopté le seuil de 500 000 signatures, il peut déclencher un débat parlementaire – bien qu’il n’y ait aucune obligation de tenir un nouveau vote, car la loi est déjà adoptée.
Macron pourrait également choisir de ne pas adopter le projet de loi – une décision extrêmement rare qui pourrait l’ouvrir aux accusations de défier l’autorité de l’Assemblée législative.
Quoi qu’il arrive, la controverse est susceptible de continuer à décourager le président français. Même dans ses propres rangs, les divisions sont claires: lors du vote final le mois dernier, 26 des 176 députés de la coalition triple de la coalition à trois partis ont voté contre le projet de loi, tandis que 15 se sont abstenus.
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