L’Europe est confrontée à des défis dans l’adoption de l’intelligence artificielle, notamment des obstacles réglementaires et une pénurie de professionnels qualifiés. L’UE Next Generation a engagé 4,4 milliards d’euros dans des initiatives en matière d’IA, avec deux pays du sud de l’Europe en tête.
L’intelligence artificielle (IA) remodèle le paysage économique mondial, devenant une force centrale dans le domaine numérique et stimulant l’innovation dans divers secteurs.
D’ici 2030, l’IA devrait avoir injecté plus de 11 000 milliards d’euros dans l’économie mondiale, selon les prévisions du secteur. On s’attend à ce que l’IA et la robotique génèrent conjointement la création d’environ 60 millions de nouveaux emplois dans le monde d’ici 2025, soulignant l’importance cruciale de la numérisation pour propulser la croissance économique.
Dans un effort concerté pour rivaliser avec les leaders mondiaux de la technologie, l’Union européenne intensifie ses efforts pour intégrer et faire progresser l’IA, en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des infrastructures et des capacités numériques dans ses États membres.
Cependant, malgré ces projections optimistes, des défis persistent.
Velina Lilyanova, chercheuse au Service de recherche du Parlement européen, a souligné la lenteur de l’adoption de l’IA en Europe dans des secteurs critiques tels que la santé et l’administration publique.
« L’Europe a une faiblesse à cet égard », affirme-t-elle dans sa récente étude intitulée Investment in Artificial Intelligence in the National Recovery and Resilience Plans.
Il reste des défis qui entravent une adoption plus large de l’IA
Lilyanova souligne que l’Europe est confrontée à plusieurs défis qui entravent une adoption plus large de l’IA, notamment des barrières réglementaires, des problèmes de confiance, une pénurie de compétences numériques et de faibles niveaux de numérisation des entreprises.
« Les États membres doivent surmonter ces obstacles pour faciliter une adoption généralisée », a-t-elle déclaré, soulignant la nécessité de réformes réglementaires, d’amélioration des compétences numériques et de stimulation de la numérisation des entreprises.
La Commission européenne a fixé des objectifs ambitieux pour 2030 : viser à ce que 90 % des petites et moyennes entreprises (PME) de l’UE atteignent au moins un niveau de base d’intensité numérique et à ce que 75 % des entreprises de l’UE adoptent des technologies telles que le cloud computing, IA et big data.
Comment les pays européens investissent dans l’IA
Les stratégies d’investissement dans l’IA varient considérablement selon les États membres de l’UE, allant du financement direct de la recherche et du développement (R&D) au soutien indirect via la numérisation des entreprises et des services publics, comme l’explique Lilyanova.
Le Plan national de relance et de résilience (NRRP) de l’Espagne alloue spécifiquement des fonds pour renforcer le développement de l’IA, dans le but de positionner le pays comme un leader en matière d’excellence scientifique et d’innovation en matière d’IA. Le plan se concentre sur le développement d’outils et d’applications d’IA en langue espagnole pour améliorer la productivité du secteur privé et l’efficacité de l’administration publique.
Le programme stratégique de l’Italie sur l’IA (2022-2024), qui s’aligne sur la stratégie plus large de l’UE en matière d’IA, vise à faire de l’Italie une plaque tournante mondiale pour la recherche et l’innovation en matière d’IA en améliorant les compétences et en attirant les principaux talents de l’IA.
Le Danemark tire parti de son solide écosystème de R&D et de sa forte intensité numérique parmi les PME pour améliorer sa stratégie numérique nationale, en intégrant l’IA pour améliorer l’administration publique grâce à des réformes.
La course européenne à l’IA : quel pays européen est le plus investi dans l’IA ?
Le Centre commun de recherche de la Commission européenne a mené une analyse exhaustive du financement lié à l’IA dans les pays de l’UE.
Selon une étude réalisée en 2023 par Papazoglu et al. , l’instrument Next Generation EU (NGEU) et sa facilité pour la reprise et la résilience (RRF) représentent 70 % du total des investissements dans la transformation numérique.
Plus précisément, sur les 116,8 milliards d’euros alloués par le FRR NGEU pour la « Décennie numérique », 4,376 milliards d’euros sont réservés aux projets d’IA.
Une ventilation des investissements nationaux révèle que l’Italie est le pays en tête, prévoyant 1,895 milliard d’euros pour des projets liés à l’IA. L’Espagne suit avec 1,2 milliard d’euros. Ensemble, les deux pays du sud de l’Europe représentent 71 % du total des investissements alloués aux projets liés à l’IA au sein du NGEU RRF.
Le Danemark est en tête sur une base relative, consacrant 8,7 % de son budget FRR numérique aux projets d’IA. suivie par l’Espagne avec 6,4 % et l’Irlande avec 5,2 %.
Les pays européens allouent en moyenne près de 3 % de leurs fonds de numérisation aux projets d’IA.
La Suède, les Pays-Bas, la Belgique et l’Autriche se situent dans le bas de l’échelle, consacrant moins de 1 % de leur budget FRR à des projets liés à l’IA.