Attal conduit la métro

Martin Goujon

Y a de la joie dans LR

Le briefing politique essentiel du matin.

POLITICO Playbook Paris

Par ANTHONY LATTIER

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Bonjour à tous, nous sommes lundi 3 février 2025. Si Matignon déroule son plan, François Bayrou ne devrait pas déclencher un, mais deux 49.3 aujourd’hui à l’Assemblée. On y revient après vous avoir raconté la nuit de folie vécue par les LR hier soir. Les LR, vous avez bien lu.

ÉLECTIONS PARTIELLES

ET UN, ET DEUX, ET TROIS HEUREUSES. C’est peu dire que les figures de la droite avaient le sourire aux lèvres hier soir. Trois LR sont arrivés en tête ou ont remporté les trois élections partielles qui se tenaient hier. Laurent Wauquiez s’en est réjoui avant même l’annonce des résultats définitifs. Valérie Pécresse a, elle, carrément déboulé à Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, où Kristell Niasme venait d’être élue maire, le signe, aux yeux de Bruno Retailleau, que “la droite est vraiment de retour”.

Louis deuz. Avec 49% des voix, la candidate LR a en effet remporté la triangulaire qui l’opposait au maire sortant Philippe Gaudin (divers droite, 12,25 %), mais surtout à Louis Boyard sur lequel tous les regards étaient braqués. Le jeune Insoumis se classe deuxième avec 38,75% des voix, 10 points derrière Niasme.

Pour LFI, c’est un coup dur : le parti n’est pas parvenu à démontrer dans ce scrutin qu’il pouvait l’emporter en faisant cavalier seul (sans alliance avec le reste de la gauche) au premier tour comme au second tour (les négociations d’entre-deux-tours avaient capoté).

Pas de quoi décourager Jean-Luc Mélenchon, qui semble vouloir poursuivre sur cette voie aux prochaines municipales, à lire le débrief à chaud qu’il a publié tardivement sur son blog et titré “Villeneuve-Saint-Georges comme début”. L’Insoumis en chef justifie la stratégie consistant à présenter une liste LFI autonome. “La division n’est pas insurmontable par les électeurs”, se réjouit-il. L’argument martelé par lui et les cadres Insoumis : le score de Boyard est de 10 points supérieur à celui de la candidate communiste en 2020 (27,61% des voix).

Devant les micros, Louis Boyard a appelé les “opprimés” à faire “comme nous” en 2026, encourageant ainsi à la présentation de listes Insoumis aux prochaines municipales.

Dystopique. Dans le même temps, plusieurs figures de la gauche non mélenchoniste appelaient les Insoumis à un peu de lucidité. Ainsi de François Ruffin, qui a accusé en creux LFI de faire passer la défaite de Boyard pour une victoire, en créant pour l’occasion le hashtag orwellien #Lagauche1984.

COUP DE MAISTRE. Les deux autres motifs d’espérance du côté de la famille LR sont à chercher du côté de Francheville, à côté de Lyon, où Claire Pouzin a été élue maire, et de Boulogne-Billancourt où Elisabeth de Maistre est arrivée largement en tête (38,17 %) du premier tour de la législative partielle qui s’y tenait. L’adjointe au maire LR de la ville, Pierre-Christophe Baguet, affrontera au second tour, Antoine de Jerphanion (18,71 %), candidat Horizons.

Eparpillement. Cette circonscription était l’objet de toutes les attentions (on vous en parlait ici et là) à droite et au centre en raison de la division du “socle commun”. LR, Horizons, Renaissance et Nouvelle Energie (le parti de David Lisnard) avaient chacun leur candidat. Pour le patron de Renaissance Gabriel Attal, qui jugeait logique d’investir une candidate de son parti après le départ de Stéphane Séjourné à la commission européenne, le pari est raté. Laurianne Rossi, ex-députée, se classe quatrième, avec 13,63% des voix.

CONTESTÉ. Ce revers a réveillé les opposants internes à Gabriel Attal à Renaissance. “Attal a voulu envoyer sa pote, sans passer par le burex et sans débat sur la stratégie. Il prend une claque”, nous écrivait l’un d’entre eux.

Balle dans le pied. “A force de tirer sur ses alliés (de circonstances), on termine 4e”, fulminait de son côté un élu Renaissance. Une référence à la fois au choix de présenter Rossi, mais aussi aux critiques acerbes formulées hier dans le JDD par Gabriel Attal contre (entre autres) Edouard Philippe et Bruno Retailleau (Dimanchissime vous en parlait).

Pif paf. Au chef d’Horizons, Attal reprochait de se résoudre, contrairement à lui, à deux ans d’immobilisme d’ici à la prochaine présidentielle. Quant au ministre de l’Intérieur (membre d’un gouvernement soutenu par les macronistes), l’ex-PM mettait en doute l’“impact concret” de sa nouvelle circulaire sur l’immigration — ce qu’a fort peu apprécié l’intéressé, a ouï dire Playbook.

BUDGET 2025

JOUR DE 49.3. La semaine qui s’ouvre sera-t-elle celle où l’Etat se dotera, avec plus d’un mois de retard, de son budget pour l’année ? François Bayrou montera à la tribune de l’Assemblée à 16 heures pour annoncer qu’il fait usage de l’article 49.3 de la Constitution afin de faire adopter, sans en passer par un vote, la version du projet de loi de finances sortie de la commission mixte paritaire (CMP) vendredi dernier.

Un 49.3 peut en cacher un autre… Le Premier ministre ne s’arrêtera pas en si bon chemin et recourra une deuxième fois au 49.3. Cette fois sur l’autre texte budgétaire qui arrive en séance publique, le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (celui sur lequel Michel Barnier est tombé). D’après plusieurs sources, Matignon a décidé hier de déclencher la procédure aujourd’hui avant même le début de l’examen de la première partie du PLFSS. Cela permettra au gouvernement de s’éviter l’examen périlleux d’une motion de rejet préalable.

… plus deux qui font quatre. S’en suivront deux autres 49.3 sur ce même texte : mercredi pour faire adopter la partie recettes et vendredi pour la partie dépenses.

Vous connaissez le refrain : le déclenchement de ces procédures ouvira à chaque fois la voie à des motions de censure (LFI a déjà prévenu qu’il en déposerait une sur le budget de l’Etat). Si ces motions de censure sont rejetées, les textes seront considérés comme adoptés par l’Assemblée et François Bayrou pourra rester à Matignon.

Pas tranché. Tous les regards sont donc tournés vers les groupes RN et socialistes. Des deux côtés, on fait toujours planer la menace d’une censure. Celle-ci “est toujours sur la table”, prévient le chef de file des députés PS Boris Vallaud dans Ouest France, alors que le bureau national du PS doit se réunir ce midi pour en discuter. De son côté, son collègue Jérôme Guedj, négociateur des socialistes sur le budget de la Sécurité sociale, défend dans Les Echos le résultat des tractations. Il déclare qu’il n’est “pas favorable à une censure” à condition que le texte soit conforme aux résultats des discussions.

AUSSI DANS L’ACTU

LE COUP DE MAIN DE DARNAUD. Bruno Retailleau peut dire merci à ses collègues du Sénat. Le groupe LR vient de déposer deux propositions de loi, l’une augmentant la durée de détention des étrangers des centres de rétention administrative, l’autre restreignant l’accès à certaines prestations sociales. Mathieu Darnaud, successeur de Retailleau à la présidence du groupe, les détaille dans Le Parisien.

Marchepied. “Les LR du Sénat vont donner à Bruno Retailleau les moyens de son action”, explique Darnaud, alors que le ministre de l’Intérieur a renoncé à présenter une nouvelle grande loi immigration. Les deux PPL seront aussi des outils précieux pour les ambitions du Vendéen. “Bruno Retailleau a vraiment besoin d’un gain politique concret pour passer à la marche d’après”, décryptait un conseiller de l’exécutif, contacté hier.

DÉFENSE EUROPÉENNE

AVENIR EN SUSPENS. Emmanuel Macron devrait se sentir quelque peu isolé en arrivant aujourd’hui à Bruxelles, où les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se retrouvent pour parler de défense. Au menu des discussions : le financement, la production et l’esquisse d’une liste d’équipements militaires que les Européens pourraient développer et financer à plusieurs.

Sentiment de solitude. Paris veut réserver l’argent de l’UE au développement de l’industrie européenne de défense et donc exclure l’achat d’armes américaines avec des fonds communautaires. A l’inverse, des ministres italien, polonais ou encore lituanien ont récemment affirmé à L’Observatoire de l’Europe que l’Europe devrait acheter des équipements américains pour apaiser les relations avec Donald Trump.

Test de l’unité européenne. Les Etats membres parviendront-ils à présenter un front uni face aux Américains ? Il faudra encore attendre quelques mois pour le savoir, les décisions finales devant être prises à l’occasion du Conseil européen en juin prochain. Mes collègues Laura Kayali, Jacopo Barigazzi et Nicholas Vinocur vous en disent plus ici (pour les abonnés, en anglais).

AUSSI À L’AGENDA

Emmanuel Macron est à Bruxelles à partir de 11 heures pour participer au sommet des dirigeants de l’Union européenne consacré à la défense. 

François Bayrou reçoit Luc Rémont, président-directeur général d’EDF à midi. 

Gérald Darmanin est à Rome pour un déplacement consacré au système carcéral de haute sécurité. Il rencontre le ministre de la Justice, Carlo Nordio. Catherine Vautrin discute avec la présidente de la CNAF Isabelle Sancerni. Elle reçoit ensuite Jean-Philippe Vinquant, président du Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge et Sylviane Giampino, présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence. Rachida Dati est dans le Val-de-Marne où elle inaugure une Maison de jeunes et de la culture. François Rebsamen est en Haute-Saône pour le lancement de travaux routiers.

Agnès Pannier-Runacher est à Bruxelles. Elle rencontre les commissaires européens Wopke Hoekstra, Costas Kadis et Jessika ROSWALL. Marc Ferracci et Laurent Saint-Martin sont à Varsovie jusqu’à demain pour la réunion informelle des ministres européens de la Compétitivité et du Commerce. 

François-Noël Buffet est à Bordeaux pour l’ouverture du troisième chantier du Beauvau de la sécurité civile. Il échange ensuite avec Jean Castex. Astrid Panosyan-Bouvet participe au Conseil national d’orientation des conditions de travail. Yannick Neuder est à Rouen pour visiter un centre de lutte contre le cancer. Charlotte Parmentier-Lecocq s’entretient avec Laurence Tiennot-Herment, présidente AFM-Téléthon et Christophe Duguet, directeur des affaires publiques.

Gérard Larcher s’entretient avec Laurent Fabius à midi. A 15 heures, il reçoit Patrick Wachsmann, professeur émérite de droit public.

Assemblée nationale : lecture des conclusions de la commission mixte paritaire (CMP) à 16 heures puis discussion en nouvelle lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.

Les députés LFI Aurélie Trouvé, Laurent Alexandre et Alma Dufour tiennent une conférence de presse à 14 heures sur les pistes pour sortir l’industrie automobile de la crise.

Sénat : le projet de loi d’urgence pour Mayotte est discuté en commission puis en séance publique à partir de 16h30. 

Clémentine Autain, Alexis Corbière, Danielle Simonnet, Raquel Garrido, Gérard Filoche, Marlène Collineau et Jean-Yves Lalanne tiennent une conférence de presse des mouvements politiques L’Après et la Gauche démocratique et sociale. Le rendez-vous est donné à 10h30 à la brasserie Chacha dans le 20ème arrondissement de Paris. 

MATINALES

7h15. France 2 : Béatrice Brugère, secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats-FO. 

7h20. RFI : Olivier Dubois, journaliste et auteur de Prisonnier du désert – 711 jours aux mains d’Al-Qaida.

7h30. Public Sénat : Saïd Omar Oili, sénateur SER de Mayotte.

7h40. TF1 : Marc Fesneau, président du groupe MoDem à l’Assemblée … France 2 : Sophie Primas, porte-parole du gouvernement … RTL : Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics … RMC : Nicolas Bouzou, économiste. 

7h45. Franceinfo : Philippe Brun, député PS de l’Eure.

7h50. France Inter : Clément Beaune, ancien ministre de l’Europe et des Transports. 

8h00. Public Sénat : Julien Odoul, député RN de l’Yonne.

8h10. Europe 1/CNEWS : Charles de Courson, député LIOT de la Marne et rapporteur général de la commission des Finances. 

8h15. RMC : Didier Georges, proviseur dans un lycée à Paris et secrétaire national du SNPDEN-Unsa.

8h20. France Inter : Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U. 

8h30. Franceinfo : François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France … BFMTV/RMC : Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT … LCI : Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis et présidente de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. 

CARNET

AUJOURD’HUI DANS PARIS INFLUENCE : PLFSS : ce que veulent les députés en nouvelle lecture … Egalim : un nouveau rapport sur la pile … Indic du fisc, une affaire pas si rentable … La rédaction de Marianne tente de jouer la montre. C’est à 7h30 pour nos abonnés L’Observatoire de l’Europe Pro.

NOSTRA CULPA. Playbook est allé un peu vite en besogne, la semaine dernière, en vous parlant du passé militant du député de Seine-Saint-Denis Aly Diouara. Elu en juin dernier face à Raquel Garrido, ex-protégée de Jean-Luc Mélenchon, cet Insoumis n’a pas eu sa carte à l’UDI (Union des démocrates indépendants) comme nous vous l’écrivions.

Réseau pointé. Diouara a en fait été employé par la mairie de Drancy, ville dirigée par Jean-Christophe Lagarde (ex-patron du parti centriste) de 2001 à 2017 puis par sa femme, Aude. Lors de la campagne de 2024, ses adversaires locaux lui ont reproché une proximité supposée avec les réseaux Lagarde, ce qu’il jugeait “complètement scandaleux” dans l’hebdomadaire Le Point. L’accusation a resurgi ces derniers temps, puisque le député était sous la menace d’une annulation de son élection et que des réflexions étaient en cours pour savoir qui pourrait être candidat à sa place en cas d’invalidation.

Sauf que : l’élection d’Aly Diouara a bien été validée par le Conseil constitutionnel le 24 janvier.

DANS LE JORF.  Ont rejoint Matignon : Pierre Pellissier de Feligonde (conseiller parlementaire), Bruno Millienne (conseiller presse) et Martin Leveneur (conseiller argumentaire, opinion, discours). Louis de Cacqueray est nommé conseiller chargé des industries de sécurité, de la sécurité privée et de la sécurité des transports de François-Noël Buffet. Philippe Tabarot s’est adjoint les services de Côme Billard (conseiller transports maritimes). Laëtitia Tabet conseille désormais Laurent Saint-Martin sur l’attractivité et l’export. Le cabinet de Jean-Noël Barrot comprend les conseillers Olric Izarn (Europe), Cécile Merle (affaires consulaires) et Gabrielle Rousseau (climat et développement). Andréas Chaïb est nommé conseiller discours et prospective de Laurent Marcangeli.

MÉTÉO. Grisaille dans le ciel parisien, quelques rayons de soleil en fin d’après-midi. 

ANNIVERSAIRES : Stéphane Le Foll, maire PS du Mans … Philippe Vigier, député MoDem d’Eure-et-Loir … Gilbert Collard, ancien député européen … Teva Rohfritsch, sénateur RDPI de Polynésie française. 

PLAYLIST. Let Me Die In My Footsteps, de Bob Dylan.

Un grand merci à : Laura Kayali, notre éditeur Matthieu Verrier, Loïc Pradier pour la veille et Catherine Bouris pour la mise en ligne. 

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